Masnières, aperçu historique
Le village est situé sur de riches plateaux de part et d’autre de l’Escaut très tôt défrichés et mis en valeur.
Des relevés anciens avaient permis de noter une présence humaine à la préhistoire sur les pentes côté nord mais également une présence gallo-romaine sur les pentes sud de l’Escaut.
Plus récemment, en 2003, des sondages furent effectués avant l’installation de la zone d’activités. Ils permirent de découvrir une présence au néolithique (2500 avant J.C.), à l’âge du bronze (1250-1000 avant J.C.) et au gallo-romain (1er siècle après J.C.).
Le moyen âge vit peu à peu se former la société féodale où la terre appartenait à un seigneur qui s’inscrivait dans une hiérarchie de dépendances.
D’une des branches de la puissante famille Oisy-Crèvecoeur sera issu le premier seigneur de Masnières
Par successions, mariages, quelquefois ventes, le fief finira dans les mains de la famille Villers au Tertre.
Alphonse François de Villers au Tertre fut le dernier seigneur de Masnières à la fin XVIIIème siècle, il résida dans son château (verrerie actuelle) jusque avant la Révolution.
(cf. article de Jean Doffe , Cambrésis Terre d’Histoire n° 60)
En 1810, le canal de Saint-Quentin est inauguré « en grande pompe ». Il permettra l’industrialisation de la commune.
François Boulanger, négociant à Cambrai crée une verrerie en 1818 et s’installe dans le château seigneurial.
Des problèmes techniques l’obligent à vendre en 1827 à Monsieur Pierre Louis Alexandre Warenghien de Villepin qui développe la fabrication de bouteilles et de cloches pour jardin.
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Sa faillite l’oblige à vendre en 1847 à Jean-Louis Leroy-Soyer qui ne résiste pas à la concurrence anglaise.
(cf. article de Jean Doffe, Cambrésis Terre d’Histoire n°17)
Jules François Millet-Bricout, issu d’une famille d’agriculteurs de Saint-Vaast reprend l’affaire en 1861 et diversifie l’activité.
En 1876, il rachète la verrerie Joly installée à Sainte-Hélène, arrête son activité et construit une cité à la place.
Son fils Jules Millet-Boivin exploite et mécanise le tissage racheté la même année.
La même famille rachète la sucrerie Gautier en 1907 qui deviendra la brasserie Saint-Hubert(en activité jusqu’en 1974) crée une usine d’aliments mélassés en 1910.
La sucrerie Dujardin ne fut elle rachetée qu’en 1920. La population atteint son apogée à cette période avec 2763 habitants en 1911.
(cf. article de Jean-Marie Bérard, Cambrésis Terre d’Histoire n°63)
Le 27 Août 1914, les Allemands arrivent à Masnières, ils n’en repartiront que le 29 septembre 1918, jour où la 62ème division délivre le village.
Pendant quatre ans la population va subir la pression physique et morale de l’occupant, travail forcé, réquisitions, amendes, pillages, rapatriements de force vers la France non occupée, des sévices qui longtemps marqueront les esprits.
Les outils de production sont démontés, emmenés en Allemagne, ce qui reste est détruit systématiquement, seule la production de mélasse pour nourrir les chevaux sera assurée au début de la guerre. Tout ne sera que ruines en 1919. Masnières connaîtra également les combats.
Début 1917, les Allemands se replient sur la ligne Hindenburg, le front se rapproche. L’occupant fait alors sauter tout ce qui pourrait aider au repérage par l’artillerie anglaise, les cheminées d’usines, moulins et même l’église dynamitée le 30 avril et le 1er mai en feront les frais.
Le 20 novembre commence la bataille de Cambrai. Masnières se situe à l’extrémité Est de l’offensive des tanks anglais. Celle-ci sera stoppée par l’effondrement du pont. Deux unités canadiennes se distingueront particulièrement sur le sol de la commune, les cavaliers du Fort Garry Horse et le Newfoundland Regiment, deux monuments rappellent leur fait d’armes.
L’entre deux guerres sera pour Masnières la période de la reconstruction, agriculture, industries, commerces doivent reprendre leurs activités après avoir reconstitué leurs outils de production.
Les habitants doivent quant à eux réparer ou reconstruire leurs logements. La commune doit reconstruire les bâtiments publics, l’église (celle-ci sera reconstruite sous la direction de Leprince-Ringuet). Une école de garçons, l’école Hostetter, est également construite grâce à la générosité de Madame Burchard-Hostetter, riche américaine, mère de l’aviateur Théodore Rickey Hostetter. L’activité reprendra rapidement mais la population n’atteindra le niveau d’avant guerre que dans les années 1990.
Le 18 mai 1940 les Allemands arrivent à Masnières.
Après un exode plus ou moins long devant les troupes allemandes beaucoup on regagné leur demeure et s’adaptent comme ils peuvent à la situation. Il semble que l’occupation ait été moins douloureuse que lors de la première guerre mondiale. La main d’œuvre est réquisitionnée pour la construction de l’aérodrome de Niergnies.
La pression de l’occupant, la géographie de la région ne permettent pas le développement d’une « résistance » comme ont pu en connaître d’autres régions de France. L’essentiel ne pouvait se situer que dans le renseignement.
La commune est libérée par les Américains le 2 septembre 1944.
Les Millet quant à eux avaient traversé le temps, leur façon paternaliste de diriger leurs entreprises les rendait populaires.
Des associations, pêcheurs, harmonie, la salle des fêtes lui devaient leur existence, les relations personnelles étaient privilégiées.
En 1960, la verrerie passe entièrement sous le contrôle Souchon-Neuvesel, entreprise lyonnaise qui avait participé à sa reconstruction après la première guerre mondiale.
Par la suite l’activité industrielle historique va décliner peu à peu dans la commune.
Le tissage ferme définitivement ses portes en 1961.
La sucrerie arrête la fabrication en 1958 et devient simple râperie.
La société des Engrais de Roubaix ferme ses portes en 1965.
L’usine Millet fabriquait le « Sucrogène », l’usine Delmotte fabriquait la « Sucréine ». Ces deux productions de produits mélassés furent réunies en 1936 sous la houlette de Millet, la fabrication s’arrêtera en 1964.
Gabriel Delmotte qui fut longtemps maire de Masnières lança la fabrication du « Targol » une peinture de protection à base de goudron, cette activité demeura un certain temps dans la commune.
La verrerie qui compta jusqu’à 1650 salariés vers 1972 passera de mains en mains tout en voyant son activité diminuer et le nombre de ses salariés fondre irrémédiablement, son activité aujourd’hui est spécialisée dans le flaconnage pour la parfumerie.
Depuis, des activités nouvelles s’implantent sur le territoire de la commune comme American Packaging et Seeuws, l’artisanat se développe.
Article de Jean-Marie Labre